Ici, on cherche le bouton du chauffage pour baisser un peu la température, mais en vain !!!
J’avais oublié que la saison chaude pouvait être aussi pénible… même en dormant dehors, je me couvre d’un linge mouillé pour pouvoir dormir ! Encore un bon mois à tenir et la pluie devrait venir nous rafraîchir inch’allah !
Les médicaments sont en route, ils devraient arriver depuis Abéché dans une ou deux semaines ! Je te tiendrai au courant.
Encore grand merci pour votre aide à tous !
Amitié, Agathe.
Mahamat et Aboulaye sont arrivés un matin, accompagnés de leur père et de leur frère. Ils étaient visiblement souffrants, ayant même de la peine à marcher ! Agés de 18 et 20 ans environ, ils étaient partis dans un village à une trentaine de kilomètres d’ici à moto pour assister au mariage d’un oncle. Mais sur la route, une voiture les a percutés et ils ont glissés sur le goudron chaud (il fait plus de 40° durant la journée !). 
Les deux jeunes avaient des blessures partout. Mahamat avait son avant-bras tellement enflé que je lui ai conseillé d’aller à l’hôpital pour faire une radio. En fait, il n’avait pas de fracture, mais toute la peau de la main était râpée. Sur le dos de la main et des doigts, la chair était à vif ! Pour Abdoulaye, il a fallu nettoyer la blessure de toutes les saletés afin de pouvoir désinfecter correctement. Il y a eu quelques grincements de dents !! Depuis, ils reviennent tous les deux jours pour changer les pansements jusqu’à la guérison… Deux jours plus tard, c’est une jeune fille de 14 ans qu’on amène, visiblement choquée. Elle venait visiter sa sœur au village et a pris une moto-taxi pour éviter de marcher ¾ d’heure depuis l’arrêt des bus. Malheureusement un gros camion venait en face et le conducteur de la moto-taxi a fait un écart et la fille s’est retrouvée dans le sable. Elle aussi était couverte de contusions et de plaies de la tête aux pieds, mais le plus impressionnant était de voir qu’à un endroit de sa tête, la peau était tellement éraflée que ses cheveux étaient arrachés sur toute une surface !
Le même soir, une femme amène sa petite fille de 18 mois avec une partie de la jambe brûlée : sa grande sœur préparait la bouillie pour la famille sur un feu de charbon et au moment de descendre la marmite du feu, celle-ci s’est renversée et la bouillie brûlante a atteint la jambe de la petite. Elle était étonnamment calme durant les soins ; la promesse d’un verre de lait et d’un morceau de pain ont suffi à la motiver de ne pas s’affoler et j’ai pu faire son pansement sans trop de difficultés !… Les soins finis, elle a avalé goulûment son verre de lait et moi, je suis restée ébahie de voir sa réaction calme et confiante malgré la douleur ! C’est ainsi que le petit dispensaire du village d’Am Senena se transforme parfois en centre de premier secours !!!
Durant la nuit encore, on m’ appelle pour une femme qui a accouchée, mais dont une partie du placenta n’est pas sorti. Alors je prends la voiture pour chercher la femme et son bébé, accompagnée de sa mère et de son mari, direction l’hôpital à quelques 4 km du village où elle trouvera les soins adéquats avant de revenir à la maison.
Ce n’est pas tous les jours ainsi, normalement les consultations ont lieu deux matinées par semaine. Généralement il y a une trentaine de familles soignées par matinée, le plus souvent, ce sont des cas de diarrhées, toux, bronchites, des suivis pour les petits enfants, des conseils de nutrition aux mamans,…et des cas de paludisme ( en cette saison, il n’y en a heureusement pas beaucoup, ça reprendra à la saison des pluies à partir du mois de juillet). |
