Avant la construction
Hawayé doit avoir
30 ans. Quand on rencontre ce bout de femme, on est toujours étonné de la voir
si joyeuse et si accueillante malgré la dureté de sa vie. Hawayé est née avec
une malformation congénitale grave. Son corps, et particulièrement ses membres
inférieurs, sont atrophiés. Ses jambes dépourvues d'os restent repliées sous
son tronc. Seul, son buste, court et difforme, semble émerger du sol quand elle
se tient devant nous. Hawayé a pu obtenir d’une association qu’on lui
construise un fauteuil roulant sur mesure. Elle ne peut pas le déplacer
elle-même. C'est Mariam, sa fille de 3 ans ½ qui le pousse dans le sable des
ouaddis. Il leurs faut à peu près ½ heure d’efforts pour venir jusqu'à
l'orphelinat.
Quand elle est chez elle, Hawayé quitte son
fauteuil, et se meut en traînant son corps plus qu'en marchant.
Chaque jour apporte mille défis auxquels elle doit faire face. Déplier une
natte pour recevoir des visiteurs, aller chercher de l'eau, demandent
d'immenses efforts. La petite Mariam qui a grandi prématurément par la force
des choses, aide beaucoup sa mère dans ses tâches journalières. C'est elle qui
balaie, qui déplace les objets trop lourds pour sa maman, qui va chercher telle
ou telle chose. Il n'y a pas d'homme à la maison pour aider.
Pour assurer leur
subsistance, Hawayé vend de petits articles à l'ombre d'un arbre, à proximité
de son lieu d’habitation. C'est une voisine qui l'approvisionne en savon,
lessive, arachides, et tomates. Elle achète aussi des œufs pour les revendre.
Hawayé et sa fille vivent chichement. Un des grands défis auquel les deux font
face est le problème de leur logement. Elles ont trouvé abri sur le terrain
d'un oncle qui leur a alloué un petit endroit. Leur maison se résume en tout et
pour tout à un petit auvent. Ce n’est pas un abri en dur : les murs et le
toit sont fait de panneaux de tiges de mil reliées entres elles. Beaucoup de
difficultés sont liées à un tel logement. La plus évidente est la vulnérabilité
aux intempéries. A la saison pluvieuse, la pluie rentre dans l’abri et tout ce
qui est dans la maison se mouille y compris les habitantes. A la saison chaude,
avec des températures qui dépassent les 50° au soleil, cet auvent n’offre que
peu d’ombre. De plus, cette habitation ne peut jamais être fermée, ce qui rend
Hawayé et sa fille vulnérables aux voleurs ou aux animaux qui pourraient venir
manger leurs maigres provisions. Il faut aussi penser au futur de Mariam. Il
n’y a pas d’école à proximité de la maison de Hawayé.
Suite au voyage au
Tchad de Mary Elen Chesaux en février-mars 2007, Raid Afrique Développement a
décidé d’aider Hawayé à se reloger.
Pendant les travaux :
Trouver une autre
possibilité de logement pour Hawayé n’a pas été une mince affaire. Il semble
qu’il n’y ait plus d’endroit vacant à proximité du centre ville. Après
plusieurs semaines de recherches, un contact a été établi avec un homme qui
possède sur son terrain une habitation délabrée. Un arrangement a été établi
avec lui pour qu’Hawayé puisse venir habiter cette maison. L’orphelinat a
entrepris des travaux de réfection du toit et de crépissage des murs. Une porte
et des fenêtres vont également être ajoutés à la bâtisse. Ces travaux sont
financés par Raid Afrique Développement.
Cette nouvelle
maison présente de nombreux avantages pour la mère et la fille. La maison est à
5 minutes de l’orphelinat. Dans un an ou deux, Mariam, la fille d’Hawayé,
pourra facilement fréquenter le préscolaire de Bakan
Assalam et, quand elle sera plus grande, la petite fille
pourra suivre une école du quartier. Le commerce d’Hawayé sera sûrement mieux
fréquenté : la rue où est placée la maison est beaucoup plus passante que
l’endroit où elle faisait du commerce avant. Les clients devraient donc être
plus nombreux. La maison est, elle aussi, meilleure. C’est un bâtiment en dur
qui ne laissera pas passer ni les intempéries, ni les voleurs.
Une question
subsiste encore : qui va prendre en charge le loyer, sachant que tous
les mois, Hawayé devra payer 5000 fcfa mais que ses revenus ne lui permettent
pas de payer une telle somme ?
Raid Afrique
Développement a répondu favorablement et s’acquittera également de cette dette.
Le
déménagement :
Le déménagement d’Hawayé et sa fille, à été un
tournant dans leur vie. La première fois qu’elles étaient venues pour voir leur
nouvelle maison c'est-à-dire une semaine avant, la petite Mariam à été quelque
peu choquée. Elle était triste et ne comprenait pas pourquoi nous voulions la
déménager de son ancienne maison. Sa première réaction fut de pleurer en voyant
la maison. Aller dans un endroit inconnu, ne pas connaître les voisins était
pour elle une surprise et une chose nouvelle pour sa vie. Nous l’avons rassuré
et lui avons expliqué les différentes raisons de ce changement.
Ce jour à été un jour inoubliable aidé par nos
collaborateurs Tchadien, et nous avons pu les visiter après leur installation.
Chaque semaine, elles viennent aux consultations de la SMI pour évaluer l’état
de santé de Mariam et les aider par un approvisionnement en bouillie. Elle nous
vend aussi des œufs, à notre manière nous l’aidons aussi dans son commerce.
Lorsque c’est au tour de Mariam à venir pour
la consultation, c’était incroyable. Elle me saute au cou, je ne l’ai jamais vu
aussi heureuse depuis que je la connais. Elle est resplendissante de joie et de
reconnaissance. Quel changement de comportement !
Je suis très agréablement surprise. Elle est
vraiment contente de sa nouvelle maison. Sa maman aussi est tellement
reconnaissante ! Elle ne peut que constater que cela lui changera sa vie
et surtout la rendra plus facile pour toute chose. Elles ont très bien aménagés
leur petit chez-elle, la pluie ne tombera plus dans la maison pendant les
fortes pluies, elles seront protégées contre les voleurs et le vent, le sable
avant la tempête. Nous avons encore emménagé le devant de la maison avec du
sable pour éviter l’inondation dans la maison…
Mariam et Hawayé remercient beaucoup Raid
Afrique Développement pour leur soutien et leur aide précieuse qui ont changés
leur vie, la voyant plus belle et gardant plein d’espoir pour l’avenir !
Betty