Rapport
pour Raid Afrique Développement
Dispensaire
Am Sénéna - Novembre 2015
Durant
cette année, la situation de sécurité du pays a beaucoup changé
et malgré tout ce qui s’est passé, nous sommes reconnaissants
d’être protégés par Dieu dans toutes nos activités. Vous avez
certainement suivi que depuis le début de l’année, l’armée
Tchadienne s’est engagée dans la lutte contre les extrémistes des
pays voisins et du coup, la sécurité dans le pays a également été
renforcée. Depuis les attentats en juin et juillet à N’Djaména,
les contrôles de polices et les fouilles se sont accrus dans les
marchés, les ronds-points,… On entend parler ici et là –
difficile à vérifier si ce ne sont que des rumeurs ou des faits
réels- d’infiltrations et de tentatives déjouées, ce qui fait
bien sûr monter la pression dans la population. Cela influence même
les enfants : l’autre jour en faisant une visite au village,
un groupe d’enfants avait fabriqué tout un village en argile, avec
un mur d’enceinte et un policier armé à l’entrée qui fouille
des gens ! Et régulièrement à la radio, on entend que ça
bouge au niveau du lac Tchad, probablement qu’il nous faut
désormais apprendre à vivre avec ce facteur d’incertitude et de
stress au quotidien…
Au
niveau de notre équipe, la famille Lacombe qui s’occupait de
l’école a quitté en juin et c’est Florent Nang-Tour qui est le
directeur de l’école Mustakhbal wa Radja depuis le début de
l’année. La famille Moser est revenue de son congé et ils
assurent la direction de l’équipe, la partie administrative et
technique. Une autre famille qui avait prévu de venir a décidé
d’annuler ce projet à cause de la situation sécuritaire. Helen,
qui a une longue expérience comme sage-femme au Nord du Cameroun, a
rejoint notre équipe depuis novembre 2014, elle travaille surtout à
l’hôpital de Guinébor, mais assure ponctuellement les urgences au
dispensaire d’Am Sénéna en l’absence d’Agathe. Depuis début
septembre, nous avons deux court-termes, Evodie et Salomé qui
s’engagent bien, Evodie est enseignante et apporte son expérience
pour venir en appui à l’école, Salomé intervient également
ponctuellement à l’école pour aider et donner les leçons de
sport.
Les
consultations au dispensaire se poursuivent et sont bien fréquentées,
je suis obligée de limiter le nombre pour pouvoir être capable de
gérer ces consultations, car avec l’agrandissement du village, il
est désormais impossible de connaître quelles sont les personnes
qui habitent à Am Sénéna et celles qui viennent d’ailleurs. Du
coup, une partie non négligeable des patients vient de villages plus
éloignés ou de certains quartiers de N’Djaména. Ce sont toujours
des soins de base et les gens arrivent assez bien à discerner
lorsqu’il s’agit de maladies pouvant être traitées au
dispensaire –à un coût abordable- et lorsqu’il s’agit de cas
plus graves, ils vont directement à l’hôpital de Guinébor. Vues
l’ampleur et la gravité du paludisme les années passées, j’ai
testé l’artémisia, une plante originaire de Chine qui protège
contre le paludisme (j’en avais reçu quelques kilos d’Afrique du
Sud) avec quelques familles qui ont fait des tisanes quotidiennes
pendant la saison des pluies, et c’est peut-être une idée à
creuser à plus grande échelle pour une autre année. A voir… Au
niveau des soins, il y a régulièrement des urgences et des
blessures (accidents de moto, brûlures, accidents domestiques,
autres blessures résultant de violence – briques jetées à la
tête,…) et dans ces situations, il est important de pouvoir
soigner les gens dès qu’ils arrivent, indépendamment des heures
de consultation. Ponctuellement aussi, des femmes qui viennent faire
suivre leur grossesse, et bien sûr toutes les maladies habituelles.
Cette année, comme la saison des pluies n’était pas très bonne,
les cas de paludisme aussi étaient moins nombreux que lors des
années passées.
Au
niveau des médicaments, l’approvisionnement est laborieux cette
année, la pharmacie d’approvisionnement régionale étant souvent
en rupture de stock, ce qui m’a obligée d’effectuer une commande
à Médéor et j’espère que les médicaments arriveront bientôt.
La
bouillie enrichie est toujours bien appréciée, nous en fabriquons
la farine à base de mil, de haricots et d’arachides et la vendons
en petits sachets à moindre coût, ce qui la rend abordable à
toutes les familles.
Pour
les prochains mois, je réfléchis à la possibilité de prendre
contact avec certains villages des alentours pour voir s’il y a un
intérêt pour des enseignements au sujet de la santé.
Je
veux profiter de ce rapport et de l’Assemblée Générale de Raid
Afrique Développement pour vous exprimer ma reconnaissance pour
votre aide, et aussi la reconnaissance de tous les gens du village
qui profitent de ces soins et médicaments et pour qui cela est une
grande aide.
Fait à Am Sénéna, le 02/11/2015.
Agathe Burrus