C’est une réalité difficile pour les pays en voie de développement, alors que cette maladie se traite facilement dans nos pays lorsque les symptômes (hypertension artérielle, albuminurie, convulsion) sont reconnus à l’avance et pris en charge par le suivi des femmes enceintes.
Malheureusement nous avons vécu le décès, pour cette raison, d’une femme qui venait de donner naissance à des jumeaux de 1500gr et 2400gr. Trois jours après leurs naissances nous étions allées la visiter à l’hôpital d’Abéché. Elle a succombée suite à une éclampsie mal soignée, mais peut-être aussi à cause des conditions déplorables de cet hôpital régional !
Les jumeaux Hassan (le plus grand) et Hissen ont alors été pris en charge par l’orphelinat. Ils ont été hospitalisés à la pouponnière pour cause de diarrhées abondantes et vomissements. Après avoir posé la sonde naso-gastrique et décidé des traitements à donner dont des injections d’antibiotiques, leur état s’est stabilisé pendant quelques jours. Mais leur poids n’augmentait pas. Ils avaient jusqu'à 10 diarrhées par jours sans compter les vomissements qui nécessitaient un contrôle rapproché ainsi qu’une évaluation constante de leur état clinique et des traitements à donner.
Puis leur état de santé a empiré. Quelques jours plus tard Hissen est décédé.. Même si c’était très dur, je devais accepter que mes limites thérapeutiques avaient été atteintes….
C’était un moment très difficile pour la famille et nous partagions leur souffrance. Nous les avons raccompagnés dans leur maison avec le corps de l’enfant emballé dans un linge blanc et posé sur un tabag (un plateau en osier).
Pourquoi tout cela ? la maman est décédée et maintenant l’enfant.. Le papa a le regard plein de larmes et reste sans voix en regardant le fils qui lui reste encore, mais qui malheureusement commence à entrer dans un coma pour finalement aussi mourir.
La réalité de la mort est présente chaque jour.
Elle reste une fatalité. Allah l’a décidé ainsi ! Pas de rage ou d’énervement. Juste un silence qui en dit long…