Mai 2006
Quoi de neuf à l’orphelinat?
Ce mois ci la vie sur la station a été marquée par l'arrivée des grosses chaleurs (45°C) et le rationnement du carburant en ville. Conséquence: il n'y a plus d'électricité en ville. Pour les frigos nous devons nous débrouiller par nous-mêmes. L'insécurité a augmenté. Une expatriée française appartenant à une ONG a été victime d'une agression à main armée. Grièvement blessée elle a été rapatriée d'urgence sur Paris. Les élections présidentielles se sont déroulées dans le calme. Après l'attaque de la capitale par les rebelles (début avril) de nombreux missionnaires ont préféré quitter N'Djaména pour le Cameroun.
La dernière fois je vous avais partagé un petit aspect des coutumes locales lorsqu' un enfant vient de naître mais qu'en est-il au juste lorsque la famille est frappée par un deuil? Le décès selon les coutumes traditionnelles :
"La femme qui vient de perdre son mari doit traditionnellement observer un deuil de plus de trois mois, pendant lequel elle reste enfermée chez elle. Il lui faut pour cela prévoir tout ce dont elle aura besoin pour sa subsistance. Pendant cette période elle ne doit ni s'habiller élégamment, ni se parfumer, ni se mettre du henné, ni écouter de la musique. Si le mari était polygame, les femmes observent ensemble le deuil. Il y a quatre "sadakha" [sacrifice] pour la mort de quelqu'un:
-le troisième jour ou l'on retire les nattes et où l'on prie avec des invocations pieuses "du'a" -le septième jour où l'on accompagne certains proches venus de villages voisins ou des quartiers éloignés -le quarantième jour qui marque la fin du deuil et qui donne à la femme le droit de se remarier -après un an: l'anniversaire où l'on partage l'héritage.". Cefod N'djamena Da Hayyin
Nous pouvons ajouter que lorsqu'une maman perd son enfant, elle ne peut pas participer à l'enterrement qui est réservé aux hommes exclusivement. Pour des raisons de pureté elle ne doit pas toucher un corps qui est déjà mort. Ce n'est qu'après qu'elle pourra se recueillir sur la tombe, mais il est assez mal vu d'exprimer sa tristesse en public (pleurer ..). C'est un signe de faiblesse. La coutume veut aussi, si on a les moyens financiers pour le faire, qu'on chante pour le mort. La mosquée va alors mettre un haut-parleur assez puissant à la disposition des chanteurs et selon l'importance du défunt, les chants vont durer un jour ou trois jours à partir de 22:00 jusqu'au petit matin.
و عليكم السلم (= wa alaykum salam) Christian BLATTES |