Nouvelles de janvier 2006 Thoma et Thomia Un jour l'hôpital m'a appelé pour me dire qu'il y avait deux nouveaux-nés issus d'une famille de réfugiés, des jumelles, orphelines de mère apparemment sans famille à visiter d'urgence. Assez inquiète je me suis rendue à l'hôpital. Thoma et Thomia étaient dans un lit avec une fièvre importante , une infection au nombril suite à l'accouchement et sans aucun suivi médical. Leur état était grave, il fallait agir vite car les médecins avaient donné du lait normal sans respecter l'âge des bébés! J'ai pu retrouver la famille (oncle), et une fois effectuées les formalités administratives de sortie j'ai amené les nouveaux nés à la pouponnière. Arrivés à la l'orphelinat nous avons donné le traitement adéquat et les soins nécessaires. Pendant quelques jours la situation était inquiétante mais rapidement la santé des jumelles s'est améliorée. Les deux personnes avec Thoma et Thomia, la grand-mère et la bergère venaient toutes les deux de brousse elles étaient manifestement dépassées par les évènements parce que sans aucune expérience avec les soins infantiles. Heureusement qu'il y avait l'oncle, le responsable de Thoma et Thomia, qui les encourageaient à écouter les conseils et à bien s'occuper des bébés. Dans les jours qui ont suivi j'ai dû enseigner à Katouma, la grand-mère, les règles de bases en matière d'hygiène : se laver les mains, donner de l'eau bien propre, préparer le biberon, changer les couches, laver les bébés etc. Cela a duré plusieurs jours et nécessité de ma part beaucoup de patience ! Peu à peu Katouma a commencé à mettre en pratique mes conseils sous la surveillance des aides infirmières. Le travail a commencé à porter du fruit et Thoma et Thomia faisaient plaisir à voir. Elles sont restées un peu plus longtemps que le temps habituel à cause d'un problème de transport mais cela a contribué à leur santé. Quelques jours plus tard leur oncle est arrivé à l'orphelinat avec une grande pastèque en cadeau, entre-temps il avait trouvé un véhicule pour rentrer au village. Il a remercié toute l'équipe, il a pris ses jumelles avec lui, suivi de la grand-mère et de la bergère. Ils sont montés à bord d'un taxi spécial: une motocyclette avec trois roues chargée à bloc avec des bagages, nourriture etc. les femmes à l'arrière avec les jumelles et lui devant.
Quel spectacle! Nous attendons avec curiosité leur prochain retour à la SMI dans 6 semaines.
Chère Mary Elen,
La saison froide s’achève. La situation aux frontières est assez instable, les informations sont contradictoires et en ville la population est souvent inquiète à cause de la présence renforcée de l'armée. Les prix du mil et du carburant ont beaucoup augmentés. La vie quotidienne pour les Tchadiens n'est pas facile à gérer. Depuis trois mois nous avons commencé un club de filles. Environ une vingtaine de filles y assistent ; elles apprécient beaucoup les jeux et l'enseignement. Le club de garçons est en train de démarrer. Voici l’histoire d’un enfant accueilli à Bakan Assalam : « Moi je m'appelle Abderrahmane. J'ai environ trois mois. Le chef de quartier m'a trouvé, abandonné sur le chemin. Heureusement le chef de quartier a fait des démarches pour que je puisse avoir une famille d'accueil. Le même jour j'ai été accueilli ä l'orphelinat pour recevoir les vêtements et toutes les instructions pour mon suivi. Je n'ai pas compris tout ce que l'infirmière a dit mais heureusement ma famille d'accueil était là. Chaque semaine on m'a accueilli à la SMI et j'ai pu faire meilleure connaissance avec l'infirmière. Mais un mois plus tard je suis tombé gravement malade. J'ai eu une forte diarrhée et en plus une otite. J'étais complètement déshydraté et même plus capable de pleurer. On m'a hospitalisé à la pouponnière. J'ai dû trouver en moi beaucoup de courage pour avaler tous les médicaments qu'on m'a donnés. J'ai vu que l'infirmière et ma famille d'accueil étaient très satisfaits de me voir coopératif. Pendant deux jours j'ai dû lutter avec la fièvre et la diarrhée et puis le troisième jour j'ai senti une amélioration. J'ai eu de nouveau envie de prendre la bouillie et du lait. Cela m'a donné beaucoup de forces. Maintenant je reste quelques jours encore à la pouponnière avant mon départ pour la maison. Même si ma mère m'a rejeté j'ai trouvé maintenant une nouvelle famille qui me donne beaucoup d'affection et d'amour pour que je puisse grandir normalement comme tous les autres ouaddaïens. » |