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Accueil//Chroniques du Tchad
Rapport d'activités du dispensaire Novembre 2015 01/01/2016 - Lu 3678 fois


 

Rapport pour Raid Afrique Développement

Dispensaire Am Sénéna - Novembre 2015


Durant cette année, la situation de sécurité du pays a beaucoup changé et malgré tout ce qui s’est passé, nous sommes reconnaissants d’être protégés par Dieu dans toutes nos activités. Vous avez certainement suivi que depuis le début de l’année, l’armée Tchadienne s’est engagée dans la lutte contre les extrémistes des pays voisins et du coup, la sécurité dans le pays a également été renforcée. Depuis les attentats en juin et juillet à N’Djaména, les contrôles de polices et les fouilles se sont accrus dans les marchés, les ronds-points,… On entend parler ici et là – difficile à vérifier si ce ne sont que des rumeurs ou des faits réels- d’infiltrations et de tentatives déjouées, ce qui fait bien sûr monter la pression dans la population. Cela influence même les enfants : l’autre jour en faisant une visite au village, un groupe d’enfants avait fabriqué tout un village en argile, avec un mur d’enceinte et un policier armé à l’entrée qui fouille des gens ! Et régulièrement à la radio, on entend que ça bouge au niveau du lac Tchad, probablement qu’il nous faut désormais apprendre à vivre avec ce facteur d’incertitude et de stress au quotidien…

Au niveau de notre équipe, la famille Lacombe qui s’occupait de l’école a quitté en juin et c’est Florent Nang-Tour qui est le directeur de l’école Mustakhbal wa Radja depuis le début de l’année. La famille Moser est revenue de son congé et ils assurent la direction de l’équipe, la partie administrative et technique. Une autre famille qui avait prévu de venir a décidé d’annuler ce projet à cause de la situation sécuritaire. Helen, qui a une longue expérience comme sage-femme au Nord du Cameroun, a rejoint notre équipe depuis novembre 2014, elle travaille surtout à l’hôpital de Guinébor, mais assure ponctuellement les urgences au dispensaire d’Am Sénéna en l’absence d’Agathe. Depuis début septembre, nous avons deux court-termes, Evodie et Salomé qui s’engagent bien, Evodie est enseignante et apporte son expérience pour venir en appui à l’école, Salomé intervient également ponctuellement à l’école pour aider et donner les leçons de sport.

Les consultations au dispensaire se poursuivent et sont bien fréquentées, je suis obligée de limiter le nombre pour pouvoir être capable de gérer ces consultations, car avec l’agrandissement du village, il est désormais impossible de connaître quelles sont les personnes qui habitent à Am Sénéna et celles qui viennent d’ailleurs. Du coup, une partie non négligeable des patients vient de villages plus éloignés ou de certains quartiers de N’Djaména. Ce sont toujours des soins de base et les gens arrivent assez bien à discerner lorsqu’il s’agit de maladies pouvant être traitées au dispensaire –à un coût abordable- et lorsqu’il s’agit de cas plus graves, ils vont directement à l’hôpital de Guinébor. Vues l’ampleur et la gravité du paludisme les années passées, j’ai testé l’artémisia, une plante originaire de Chine qui protège contre le paludisme (j’en avais reçu quelques kilos d’Afrique du Sud) avec quelques familles qui ont fait des tisanes quotidiennes pendant la saison des pluies, et c’est peut-être une idée à creuser à plus grande échelle pour une autre année. A voir… Au niveau des soins, il y a régulièrement des urgences et des blessures (accidents de moto, brûlures, accidents domestiques, autres blessures résultant de violence – briques jetées à la tête,…) et dans ces situations, il est important de pouvoir soigner les gens dès qu’ils arrivent, indépendamment des heures de consultation. Ponctuellement aussi, des femmes qui viennent faire suivre leur grossesse, et bien sûr toutes les maladies habituelles. Cette année, comme la saison des pluies n’était pas très bonne, les cas de paludisme aussi étaient moins nombreux que lors des années passées.

Au niveau des médicaments, l’approvisionnement est laborieux cette année, la pharmacie d’approvisionnement régionale étant souvent en rupture de stock, ce qui m’a obligée d’effectuer une commande à Médéor et j’espère que les médicaments arriveront bientôt.

La bouillie enrichie est toujours bien appréciée, nous en fabriquons la farine à base de mil, de haricots et d’arachides et la vendons en petits sachets à moindre coût, ce qui la rend abordable à toutes les familles.

Pour les prochains mois, je réfléchis à la possibilité de prendre contact avec certains villages des alentours pour voir s’il y a un intérêt pour des enseignements au sujet de la santé.

Je veux profiter de ce rapport et de l’Assemblée Générale de Raid Afrique Développement pour vous exprimer ma reconnaissance pour votre aide, et aussi la reconnaissance de tous les gens du village qui profitent de ces soins et médicaments et pour qui cela est une grande aide.


Fait à Am Sénéna, le 02/11/2015.

Agathe Burrus


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